Alifa (partie 1)

 


Cette histoire est vérifiée et âgée, selon l'avis de narrateur, de presque 250 mille ans.

   Dans une compagne, vivait un jeune homme aimable et très serviable, que Dieu avantageait de multiples biens et facultés, ce qui a fait de lui quelqu'un de bonne réputation. Il avait les plus belles femmes de la compagne. Il croit que ces apparences trompeuses de prospérité ne créeaient nullement le bonheur, car le jeune homme était infertile. Cette réalité amère le fait vivre  dans une mélancolie mortelle, dans un supplice continu. Les femmes, les richesses  de toutes sortes n'assouvissent pas son désir avide d'avoir des enfants.
  Un jour, comme d'habitude, ses yeux, qui exprimaient tous les malheurs d'un homme frustré, contemplaient la verdure de ses terres et le ciel bleuâtre depuis son balcon, voyaient les oiseux nourrir leurs petits, les poules guider leurs poussins près des poulaillers, les vaches allaiter leurs veaux, les juments brouter avec leurs poulains. Les enfants, pas loin de lui, jouaient et riaient, le réveillent de ses rêveries douloureuses. La solitude le tourmente et remplit ses yeux de larmes. Il décida de marcher, de s'éloigner, de se séparer momentanément de cette peine. Il avançait en direction de la forêt, qui se trouve à quelques dizaines de mètres. Les voix commençaient à s'abaisser, les sons des mouvements des feuilles des arbres s'élevaient au fur et à mesure qu'il marchait. Ses pas errants, partiellement conscients, et son esprit hypnotisé l'arrêtèrent à une source  d'une pureté inhabituelle. Il s'assit, les mains soutenaient sa tête, lourde de tristesse et d'inquiétude, les larmes enflaient ses paupières et couvraient son visage. Ses plaintes pitoyables rompaient l’harmonie des sons de la forêt. Au bout d'un moment, la terre s'ébranla brusquement sous ses pieds, ses larmes cessèrent de couler, son cœur battait anormalement. Le tremblement était brutal. Il se leva et aperçut que le cours d'eau s'effondrait incroyablement devant lui. Une lumière d'une couleur bleue verdâtre se haussait doucement et silencieusement enveloppant un vieil homme d'une barbe étrangement longue et toute blanche, aux sourcils très broussailleux, cachant la moitié de ses yeux uniques, voire hors de commun. Il était vêtu d'habits d'un bleu clair, révélant la majesté. Sous l'emprise d'une peur indescriptible, le jeune homme écarquilla ses yeux, il était frappé par les yeux de vieillard. Ceux-ci étaient apparemment inhumains, sans iris et tout bleus. Il pensa à courir, la voix tonitruante de vieillard le cloua au sol  : <<arrête-toi ! Je suis le sieur de ces eaux. Je vivais ici depuis des millénaires. J'ai écouté tes ambitions, J'ai connu tes souffrances. Tu veux faire des enfants. Je veux sincèrement t'aider, car tu mérites. Tu es un homme de bien !
_ Comment sais-tu que je suis un homme de bien ?
_ Les herbes, les fleurs, les feuilles, et même les goûtes de cette eau m'informent de ce qui se passe dans ces lieux.
_ Comment vas-tu m'aider ?>>
À ces moments, le vieillard sortit de sa manche une pomme, qui n'est pareille à aucune autre pomme, une pomme d'un autre monde. Elle était dorée et très brillante. Le vieillard lui dit en toute confiance : <<C'est la pomme de bonheur, de la vie heureuse. Tranche-la en deux! Mangez la moitié, toi et tes femmes, et enterre l'autre dans tes terres, pour avoir de l'enfant et accroître ta fortune!>>. Le jeune homme, surpris, tendit sa main pour prendre cette pomme mystérieuse.
_ Tu auras des enfants en grand nombre. J'ai une condition : de me donner la première de tes filles. Après une hésitation qui n'a pas duré longtemps, il accepta. Il prit la pomme avec une joie qui la fait voler. Des mois passèrent dans l'attente, Il suivait les recommandations de vieillard avec grand soin. Cette attente était fructueuses : toutes ses femmes lui informèrent qu'elles furent prégnantes. Son bétail grandissait en nombre et en forme. Les fruits alourdissaient les branches de ses arbres. À la fin de cette année, il compta onze bébés et récolta des rendements de  très bonne qualité. La plus jeune de ses femmes enfanta une fille d'une beauté inexprimable, qu'il la nomma Alifa. Son amour lui fit oublier sa promesse au vieillard. Elle était comme une fleure. La délicatesse de son l'esprit et la courtoisie de ses actes la rendirent la fierté pour tous les habitants de la compagne.


  Quelques années plus tard, Alifa fréquentait l'école. Son père voulait qu'elle apprenne la lecture, l'écriture et le calcul depuis le plus jeune âge. Elle était assidue et très persévérante.
  Un jour, la jeune fille rencontra un vieillard dans son trajet à la maison. Le vieil homme s'approcha d'elle :
<<Alifa! Viens ma petite!>> Alifa, hésitante, avança timidement envers lui.
<<Passe le bonjour à ton père et dis-lui qu'il n'oublie pas sa promesse!>>.
  À la maison, Alifa oublia de dire à son père la parole de vieillard. Le deuxième jour, le vieillard lui donna une petite pomme, pour le rappeler de la promesse.

  L'image de la pomme heurta ses yeux, figea son corps et choqua son esprit. Ses pieds ne purent plus le soutenir, il s'effondra. La nouvelle lui était comme une foudre. Ses femmes l'entouraient, le calmaient ... . Le jeune homme leur raconta toute l'histoire. Ses femmes, par peur de vengeance et de tout perdre, le conseillèrent de tenir parole. Secrètement, une de ses femmes préparait une petite valise à Alifa. Celle-ci accepta sagement ce sort.



  
   Le lendemain, sur un cheval noir, guidés par cette détresse, ils prirent la route vers la forêt. La fille ne pût pas réprimer toutes ses peurs, elle posa une myriade de questions. Ils s'arrêtèrent devant la source.

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